Pour la construction d’un monument à l’unification et la liberté

 

Lors de son remarquable discours devant l’assemblée fédérale réunie le 12 février 2017en but d’élire le Bundespräsident, président fédéral, le président du Bundestag Norbert Lammert s’est exprimé favorable à un monument à l’unification et à la liberté sur le socle de l’ancien monument à l’empereur Guillaume 1er. Par la suite, le 14 février 2017, les présidents des groupes parlementaires de la CDU et du SPD Volker Kauder et Thomas Oppermann ont déclaré avoir délibéré aussi en sa faveur. Ainsi progresse la construction de ce monument qualifié dans les médias de « bascule fédérale ».

Bien que, pour faire consensus, il puisse y avoir des modifications renforçant sa symbolique, ses contours sont déjà établis : ce monument doit représenter une balance représentant les  mouvements de libertés en RDA durant l’année 1989. Les manifestations pacifiques contre la dictature ont tellement gagné en poids qu’elles ont fait pencher la balance vers le succès de la révolution contre le système, vers la liberté et l’unification de l’Allemagne.

Bien sûr en ces moments difficiles de réalisation d’un monument, on peut discuter sur la forme. Même la reconstruction du château de Berlin a été longtemps discutée et finalement entérinée par le Bundestag, alors que ses détracteurs ont tout fait pour empêcher sa réalisation. Ci-dessous vous retrouverez les raisons de la décision en faveur de sa concrétisation telles que l’ancien président du Bundestag Wolfgang Thierse a confié à Wilhelm von Boddien lors d’un entretien il y a quelques mois. En son temps, Wolfgang Thierse avait été l’un des plus importants artisans de la décision du Bundestag pour la reconstruction du château de Berlin.

C’est au tour de la politique de jouer, et pourquoi pas d’adopter quelques modifications au projet afin que ce surnom de « bascule fédérale » disparaisse. Il ferait naitre plus de respect face à l’indispensabilité d’un monument aux importants mouvements de liberté et d’unification de 1989.

Wilhelm von Boddien, Förderverein Berliner Schloss e.V.

 

 

Wolfgang Thierse à propos de la discussion pour un monument à la liberté et à l’unification près du château de Berlin – 18 janvier 2017

Lors d’une rencontre, Wolfgang Thierse (du parti social-democrate SPD), ancien président du Bundestag et grand partisan de la reconstruction du château de Berlin, et Wilhelm von Boddien, responsable de l’association Förderverein Berliner Schloss e.V., se sont entretenus sur la réalisation du projet de monument à la liberté et à l’unification. Il se placerait sur le socle de l’ancien monument national à l’empereur Guillaume Ier en face du portail à la coupole du château.

Il y a quelques temps déjà, son ébauche sous forme d’une balance en mouvement avait été reconsidérée par la commission au budget du Bundestag. Maintenant la commission de la culture du Bundestag veut de nouveau aborder le projet fin janvier 2017. Nous sommes d’avis qu’en reportant notre rencontre nous participons à une matérialisation du débat et  Wolfgang Thierse nous donne son point de vue : il s’offusque que la contribution des Allemands de l’est à l’histoire de la démocratie et de la liberté en Allemagne, soit la révolution pacifique [ndlt de 1989], ne puisse pas trouver un lieu d’hommage et du souvenir convenable. Il conçoit cela, du moins dans la manière de faire, comme une expression d’un discrédit de leur exploit politique et historique. L’argument financier contre « la balance » est juste un prétexte et s’est révélé, par une décision de la commission au budget de financer à hauteur de 18 millions d’euros en faveur de colonnades, être un mensonge. Le monument prêt à être construit avec autorisation est moins cher, mais néanmoins coûterait un peu plus que le plan de financement de départ. Le surcoût n’est pas dû au monument même mais à la rénovation du socle, le dégagement des mosaïques et le déménagement des chauves-souris.

Le monument prévu n’est pas, pour W. Thierse, un monument à l’unification. Il doit être d’autant plus un monument à la révolution pacifique en RDA en 1989 qui a contribué à la liberté en RDA et la réunification de l’Allemagne. Celle-ci a été accomplie de manière autonome avec l’adhésion des Volkskammern, chambres de représentants du peuple élus librement, à la Loi fondamentale de l’Allemagne de l’ouest. Au même moment, des voix s’élevaient pour une version à l’autrichienne ou même par certains hommes politiques européens de garder les deux Allemagnes. W. Thierse souligne ainsi la performance exceptionnelle des chambres du peuple, aussi contre la résistance interne des organisations successives au SED, de faire aboutir cette décision.

Ce monument serait donc un hommage particulier aux mouvements de liberté pacifiques des citoyens de la RDA. La symbolique de la balance serait parfaitement reprise : des citoyens qui s’engagent et s’accordent peuvent accomplir de grandes choses !

La décision d’adhésion à la Loi fondamentale a été prise au sein de la Volkskammer, situé dans le Palais de la République. Tous les deux n’existent plus, d’où l’idée de création d’un monument sur leur ancien site. Là s’y prête le socle de l’ancien monument à l’empereur Guillaume Ier et de ce fait, il prendrait une nouvelle interprétation. Aucun autre site à Berlin ne peut être autant justifié. La porte de Brandebourg par exemple représente aussi l’unification, cependant elle est aussi un symbole de la division, de la marche aux flambeaux des S.A. le 30 janvier 1933, un monument à la victoire de la bataille de Sedan. De même la Potsdamer Platz est trop quelconque, et pourquoi pas même à Bonn, certains allemands de l’ouest auraient tendance à croire que sans la politique de H. Kohl il n’y aurait pas eu la réunification.

Donc, la reconstruction des colonnades datant de l’empire n’est pas compatible avec l’esprit de la révolution pacifique de 1989 dont le but est la liberté et l’unification. Bien au contraire la reconstruction d’un monument de style wilhelmien serait d’un point de vue politico-historique déplorable.

La version actuellement répandue dans l’opinion publique de surnommer la balance en tant que « bascule » porte à confusion.

W. Thierse a parlé d’un symbole spécifique du mouvement pacifiste de la RDA : tout a commencé avec les prières du lundi, les manifestations de Leipzig de plus en plus grandes, puis à Berlin (surtout la plus importante du 4 novembre 1989) et enfin sur tout le territoire de la RDA. La balance représente ce mouvement et le volume triomphant du mouvement de liberté en RDA, pas plus pas moins.

Wolfgang Thierse fait référence à la décision prise dernièrement lors du congrès de la CDU avec l’ordre de construire ce monument comme les deux commissions du Bundestag l’avaient demandé. Il fait aussi référence à la commission de la culture qui a lieu en janvier 2017. La politique de la commission du budget choque W. Thierse : même si la décision de construire les colonnades avait obtenu un statut légal par la loi au budget, les deux décisions plénières du Bundestag pour la construction du monument se contrediraient avec la même force de loi. La nouvelle décision a le point faible d’être en concurrence avec la première décision sans que le Bundestag est à intervenir. W. Thierse y voit un coup à la hussarde contre le « code vestimentaire ». La balle est dans le camp du Bundestag qui doit enfin prendre une décision claire, c’est-à-dire de suivre la décision du congrès de la CDU.

 

Ce texte a été repris de mémoire et autorisé par Wolfgang Thierse.

 

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