Une petite histoire de la construction

Le château a été fondé en 1443 comme résidence sédentaire des Hohenzollern alors q’uils recevaient de l’Empereur la dignité de Kurfürst, prince-électeur de la marche de Brandebourg. Pendant plus de 200 ans, ce fut un château fort médiéval dit Zwing Cölln, puis devint un château renaissance près du long pont dit Lange Brücke sur la Spree par lequel on accédait à la petite ville sans importance qu’était Berlin, jumelle de Cölln.
Suite aux premiers agrandissements de la ville vers l’ouest par le prince électeur Frédéric-Guillaume Ier (1640-88) et Frédéric III, qui, devenant roi en Prusse en 1701, se fit appeler Frédéric Ier (1688-1713), le château devint le centre de la ville et du pays. Ces nouveaux quartiers prirent le nom de Friedrichstadt et de Dorotheenstadt (du nom de sa femme). Johann Moritz von Nassau-Siegen, maître des constructions de fortifications, fit percer une allée d’ouest en est donnant sur le château, l’actuel Unter den Linden. Par des allées et des tranchées, il recentra ainsi le château de manière optique et symbolique.
Ici, nous vous proposons une histoire de la construction du château sans pour autant exhaustive, montrant l’évolution du château de Berlin jusqu’à nos jours.

1443 – 1451

Pendant plus de 200 ans, la citadelle Zwing Cölln et le château Renaissance de Cölln ont surplombé la Spree près de la petite ville de la Marche de Brandenbourg, jadis encore insignifiante, de Berlin.

Fondation et construction de la citadelle Zwing Cölln par le prince électeur Friedrich II, surnommé Eisenzahn, Dent de Fer (1440-1470).

Le fort se trouvait directement au bord de la Spree dans la partie nommée Cölln de la double ville et intégrait des parties des fortifications de Cölln dans sa façade est. Depuis ce fort, les Hohenzollern pouvaient contrôler l´importante route commerciale qui empruntait le lange Brücke, pont en bois. Ceci provoqua en 1447/1448 une insurrection dite Berliner Unwillen, indignations berlinoises, au cours de laquelle la population livra une violente opposition à la construction et inonda le chantier en ouvrant les écluses de la Spree. Mais l’on se réconcilia. Berlin et les Hohenzollern ne s’aimaient pas forcément, mais une chose était sure : ils avaient besoin les uns des autres.

Il ne subsiste pas d’image de la construction d´origine. Le Grüner Hut, un clocher à bulbe surnommé “Chapeau Vert”, jadis une tour de défense des murs de la ville de Cölln datant du XIIIe siècle, recouverte de cuivre, était la plus ancienne partie du château. Du fort d’Eisenzahn ne subsiste dans le château que quelques voûtes de cave et le Chapeau Vert.

1465

Construction de la Chapelle d’Erasme avec sa tour côté Spree.

1500

Apparence probable du château autour de 1500, tentative de reconstruction d’Albert Geyer dans les années 1900.

1535 – 1571

Le Prince électeur Joachim II fit de Berlin la résidence principale des Hohenzollern.

Cela se manifesta dès qu’il choisit  l’église du monastère dominicain située au sud du château comme église du château et cathédrale de Berlin. Caspar Theiss et Kunz Buntschuh devinrent les architectes de la cour. Le château fort d’ Eisenzahnfut démoli en grande partie. Un château magnifique style renaissance, dont le modèle existe encore aujourd’hui à Torgau, prit sa place.
Le château devint le centre de l’administration de la région et de la cour et celui de la vie sociale.

1571 – 1598

Prince électeur Jean II Georges de Brandenbourg

Le comte d’origine italienne Rochus de Lynar devint l’architecte de la cour. A cette époque fut édifié la Maison dite de la Duchesse Haus der Herzogin, un petit château miniature situé directement au bord de la Spree. L’édifice situé à l’extrémité ouest de la cour, le futur bâtiment transversal, aménagé avec des appartements pour les hôtes princiers et des salles de conseils, a été conçu comme un premier centre de l’administration. La pharmacie de la cour, Hofapotheke, fut construite avec le bâtiment de jonction au château. Elle servit dans un premier temps comme atelier d’alchimie et d´Hôtel des Monnaies. L’illustration ci-dessus montre la pharmacie avant sa réduction autour de 1890 au moment du percement de la rue et du pont Kaiser Wilhelm. En premier plan, on aperçoit encore un petit pont pour piétons, le pont dit « du cavalier »,Kavaliersbrücke.

1608 – 1619

Sous le Prince électeur Jean III Sigismond, pas d’activité de construction considérable.

Les Hohenzollern se convertissent à la religion de la Réforme. La Marche de Brandenbourg conserve la religion protestante – luthérienne. La devise de la liberté religieuse en Brandenbourg: « Ici, chacun peut devenir bienheureux à sa façon ! »

1640 – 1688

Prince électeur Frédéric Guillaume I, « Le Grand Électeur ».

Le château, qui se délabrait pendant la guerre de trente ans, fut profondément restauré. Quelques-unes des pièces les plus célèbres furent construites : la Salle du Boulet, Kugelkammer, la Salle de la Fiancée, Brautkammer, et la galerie de Brunswick. Elles ont existé jusqu’à l’incendie de 1945.

Construction de la galerie du prince électeur, qui reliait la Maison de la Duchesse directement à l’aile de la Pharmacie.
Cette illusatration montre cet édifice entre les deux ailes au bord de la Spree.

1646

Johann Moritz de Nassau-Siegen, Gouverneur du Prince électeur à Kleve, fit construire plusieurs grands axes centrés sur le château.

L’un de ces axes deviendra plus tard le boulevard Unter den Linden, qui fut relié au château par le Pont dit “des Chiens”Hundebrücke. Le Prince l’empruntait quand il partait pour la chasse avec sa meute vers ce qui est aujourd’hui le Tiergarten.

1688 – 1713

Prince électeur Frédéric III, à partir de 1701 Frédéric Ier roi en Prusse.

Sous son règne les transformations et agrandissements les plus importants ont eu lieu. Son goût pour le faste ruina les finances de la Marche de Brandenbourg. En conséquence il ne lui resta plus de ressources pour faire la guerre. Il se consacrait plutôt aux beaux arts et aux sciences. Sous son règne les académies des sciences et des arts furent fondées à Berlin par Leibniz.
Il fit construire pour son épouse Sophie-Charlotte un château comme résidence d’été à Lietzenburg : le châteauCharlottenbourg.
(Illustration ci-dessus : le seul plan authentique de la façade du château de Schlüter ; gravure de Decker autour de 1704. Tous les plans de construction originaux disparurent au plus tard en 1713, lorsque Schlüter quitta Berlin).

1698

Andreas Schlüter, recruté comme sculpteur de la cour par le prince électeur Frédéric III, créa l’une des plus célèbres statues équestres, celle du Grand Prince électeur. Elle se situe au même rang que celle de Marc Aurel à Rome et celle de Louis XIII à Paris. A. Schlüter utilisa une technique de fabrication risquée : elle fut fabriquée en une seule coulée de bronze. Ce monument présente le prince électeur dans une pose typiquement féodale et baroque. Il regarde le château, mais il tient son sceptre abaissé vers Berlin, ville régulièrement rebelle, afin de montrer qui détient le pouvoir. Le socle du monument est entouré par quatre esclaves tirant sur leurs chaînes, qui admirent le prince. Ils symbolisent les villes de Poméranie occupées par la Suède.

Le monument fut démonté en 1943. Il se trouva longtemps sur une barque qui coula plus tard dans la Spree. Ainsi, il surmonta la guerre en bon état. Aujourd’hui il se trouve dans la cour d’honneur du château de Charlottenbourg.

1701

En 1699, Andreas Schlüter, qui était devenu l’architecte allemand le plus important du style baroque, fut nommé architecte de la cour. Il transforma le château renaissance en une spectaculaire résidence d’Allemagne.

En 1701, de retour de Königsberg, ville de couronnement, le roi fit une entrée triomphale dans le nouveau château. L’extension fastueuse eut pour but de souligner l’importance du jeune royaume prussien par rapport aux autres états du saint empire romain germanique.
Le baroque italien servit de modèle pour le château. Ses axes de fenêtres imitent celles du Palazzo Madama à Rome. Beaucoup de sculptures d’A. Schlüter rappellent les œuvres de son modèle Michael-Angelo.

1706

Congé déshonorant de Schlüter après la catastrophe de la tour dite “des Monnaies” Münzturm.

Sur ordre du roi, il édifia un clocher haut de 120 mètres sur la façade nord-ouest du château. Puisqu’à l’époque des sondages du sol n’étaient pas pratiqués, une grande nappe de tourbe, qui gisait à 20 mètres de profondeur dans les terrains alluvionnaires de la Spree, n’avait pas été découverte. Elle s’est écrasée sous le poids de la tour, la tour se mit à pencher et menaça de s’effondrer. Il fallut donc la démolir. Le coût de la construction et de la démolition de la tour dépassa même celui de la construction du château.

Suite à cet incident et aux intrigues de son adversaire à la cour le bâtisseur de contre-forts suédois Johann Eosander von Göthe, A. Schlüter perdit son poste et n’œuvra plus que comme sculpteur jusqu’à son départ de Berlin pour Saint Pétersbourg. Il mourut un an plus tard à Saint Petersbourg, non sans y avoir exercé une influence considérable sur la planification de la ville. Ainsi, les plans du palais de Peterhof seraient attribués à A. Schlüter.

L’illustration est une tentative de reproduction de Goerd Peschken tirée de sa monographie du château. Elle montre le prodigieux effet qu’aurait eu la tour des Monnaies sur le panorama d’Unter de Linden.

1706 – 1713

Johann Eosander von Göthe devient l’architecte du château.

Avec un penchant pour le monumental, il double la surface du château avec un chantier d’agrandissement vers l’ouest. Son centre devient le Portail d’Eosander, Eosanderportal, qui doit être couronnée d’une tour à coupole de 100 mètres de haut. Il veut relier la cour de Schlüter à sa propre cour du château à l’aide d’une gigantesque galerie de colonnades disposés en arc de cercle et formant une rupture avec le bâtiment transversal.

Il ne peut mener à terme son œuvre, car le roi meurt en 1713. Ce dernier lègue un état au bord de la faillite. J. Eosander est chassé violemment par le nouveau roi Frédéric Guillaume Ier à cause de sa prodigalité lors de l’organisation des funérailles d’état de Frédéric Ier.

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1713 – 1716

Malgré l’austérité, Frédéric Guillaume Ier fit achever le château qui avait encore un vide béant entre le portail d’Eosander et l’édifice de Schlüter.

Cependant, il renonça à tout faste intérieur. Au contraire, il fit repeindre en blanc de multiples fresques des plafonds, comme par exemple celle du plafond de la grande galerie de tableaux d’Eosander, qui fut redécouverte par hasard et dégagée en 1850.
Pendant la troisième année du règne de Frédéric Guillaume Ier, le château fut achevé par le successeur d’Eosander, Martin Heinrich Böhme, ancien élève de Schlüter.
Le jardin d’agrément baroque fut transformé en un terrain d’exercice poussiéreux par le roi.
Le roi habitait dans les pièces de l’édifice d’Eosander, qui donnaient sur le jardin d’agrément. Parce que ces chambres n’étaient pas assez lumineuses à son goût, il fit élargir certaines fenêtres et déplacer vers le haut.
A l’intérieur sous le règne de chaque roi jusqu’à la chute de l’Empire en 1918, de nouvelles salles fastueuses furent créées  par les architectes et artistes les plus importants de la Prusse. Cependant, l’apparence extérieure restait intacte. Même K.-F. Schinkel qui transforma beaucoup d’édifices à Berlin, respecta l’œuvre de Schlüter et conserva ses façades uniques.

1713 – 1740 

Frédéric Guillaume 1er entra dans l´histoire comme « roi aux soldats », à cause de sa manie des « longs gaillards », die Lange Kerls, alors qu’il ne mena pas une seule guerre. Il dut avant tout remettre en ordre les finances de l’état. Il y parvint à force d’économies extrêmes et d’une réforme de l’administration, qui est encore aujourd´hui montrée en exemple. Une recommandation : l’excellente biographie de Jochen Kleppner, intitulé der Vater. Ce livre décrit d’une manière fascinante le conflit avec son fils, le futur roi Frédéric II.

1726

Aménagement des fastueuses chambres polonaises qui servirent au roi de Saxe Auguste le Fort (1670-1730) d’appartements lors sa visite officielle à Berlin. Celui-ci était également roi de Pologne sous la vassalité de laquelle se trouvait encore le royaume prussien.

L’image montre le Palazzo Madama à Rome dont les façades servirent modèle à celles du château de Berlin.

1740 – 1786

Le Roi Frédéric II, dit le Grand, déplaça son centre de vie du château berlinois qu’il déteste, à Potsdam, au château de Sans-Souci.

Seules les grandes soirées d’hiver et les bals de carnaval avaient encore lieu dans le château de Berlin. Néanmoins les salles du château construites sous Frédéric II étaient célèbres pour leur beauté, en particulier son cabinet de travail rond, qui donnait sur la Schlossplatz. Tous ses cabinets de travail étaient ronds en souvenir du bon temps qu’il avait eu à Rheinsberg où il avait eu son premier cabinet de travail dans une tour ronde.

Comme l’imprimerie du château était installée dans la pharmacie de la cour, il choisit par conséquent comme titre de livre « Au donjon du château ».

1786 – 1797

Frédéric Guillaume II, roi de Prusse
Pendant son court règne, il aménagea l’appartement royal probablement le plus beau du château, sous la forme de salles royales classicistes, qui étaient situées dans l’aile qui donnait sur le jardin d’agrément. Elles furent façonnées par les architectes les plus importants de l’époque, Erdmannsdorf, Gontard et Langhans (voir aussi « salles d’intérieur »).

La vue depuis cet appartement, des Linden jusqu’au Tiergarten à l’ouest, déplut au roi. Il lui manquait une porte au château. Il donna à Langhans la mission de s’inspirer des propylées d’Athènes et de construire une porte conforme à leurs proportions à l’extrémité des Linden. Ainsi naquit la Porte de Brandebourg, une libre interprétation des propylées. Elle était à l’origine peinte en blanc, afin d’imiter le marbre. D’où la discussion à l’occasion de sa restauration : couleur grès ou blanc ?

1797 – 1840

Frédéric Guillaume II, roi de Prusse ne modifiait pas de façon importante le château. Cent ans après son agrandissement par A. Schlüter, il était de nouveau délabré et la chute de pierres menaçait les passants.

Tous les moyens financiers furent mis à la disposition du château pour sa restauration. Les grandes corniches, balustrades et toitures des fenêtres furent en grande partie renouvelées, les sculptures des balustrades du toit furent retirées. Le château devint après cette restauration une copie de lui-même. Mais pourquoi aurait-il dû connaître un autre destin que la plupart des célèbres cathédrales françaises qui ont entre-temps reçu leur troisième ou quatrième peau de pierre pour contrer les ravages du temps ?

L’image montre la cathédrale baroque de Johann Boumann que Frédéric  le Grand fit construire en 1750. Pour cela, il fit abattre l’ancienne église dominicaine médiévale qui se trouvait trop près du château devant la façade de Böhme.

1840 – 1861

Frédéric Guillaume IV
Alors que Frédéric Guillaume n’était encore que prince héritier, une profonde amitié le liait déjà au grand architecte berlinois Karl Friedrich Schinkel. Celui-ci dessina et bâtit pour lui l’appartement princier dans l’aile donnant sur la Spree, en installant un étage supplémentaire sous le plafond de la chapelle d’Erasme. Il créa d’autres pièces célèbres dans le château, comme la Salle des Etoiles Sternensaal au niveau du portail I et le salon de Thé Teesalon.

K.-F. Schinkel planta un grand parterre de gazon et installa une fontaine au centre du jardin d’agrément, le Lustgarten.

Ses principales œuvres architecturales sont organisées en contrepoint à l’axe ouest-est d‘Unter den Linden le long duKupfergraben, du nord au sud : le Packhof, l’Altes Museum, le Pont dit du Château Schlossbrücke, l’Académie d’Architecture et l’église de Friedrichswerder. Cet ensemble ne peut être compris qu’avec la silhouette du château.

L’Altes Museum avec sa terrasse ouverte à colonnades et baignée de lumière fut considéré comme une réponse provocante à la façade fermée  du château sur le jardin.

1845

La grande terrasse du Lustgarten est aménagée. Devant le portail IV est érigée en 1558 la statue équestre des « Dresseurs de Chevaux » de M. Clodt, die Rossbändiger, un cadeau du tsar russe à Frédéric Guillaume IV. Ils furent démontés après la guerre et se trouvent aujourd’hui dans le Kleistpark, le long de la Potsdamer Str. En face de l’ancien Kontrollratsgebäude, bâtiment du Conseil de contrôle. Les Berlinois se moquèrent de la statue qui représente pour eux la promotion de la régression et le frein au progrès.

1850

La coupole de Friedrich August Stüler, l’architecte de la cour, construit d’après un plan antérieur de Schinkel, fut posée sur le portail d’Eosander de la façade ouest du château. En-dessous de la coupole se trouvait la chapelle du château qui pouvait accueillir jusqu’à 600 personnes.

1861 – 1888 

Roi de Prusse et en 1871 Empereur Guillaume Ier.
Celui-ci utilisait le château comme lieu d’importance nationale, par exemple pour la cérémonie d’ouverture du Reichstag dans la Weisser Saal, Salle Blanche, ou pour les grands bals de la cour.

Lui-même habitait modestement le vieux palais Unter den Linden  d’où il pouvait regarder le défilé de la garde par la fenêtre de la chambre en coin. Après les destructions de la guerre en 1945, le palais en ville fut dénoyauté entièrement. A la place de la chambre en coin se trouve aujourd’hui un amphithéâtre élargi de la Humboldt Universität. L’extérieur cependant a gardé son style historique.

Dans le château l’empereur ne fit effectuer que quelques transformations dans la cour de Schlüter. Le bâtiment transversal fut doté d’une nouvelle façade style néo renaissance, et les galeries de la cour de Schlüter fut allongées à l’ouest des avant-corps des portails I et V.

1888

Empereur Frédéric III
Alors qu’il n’était encore que prince héritier, Frédéric Guillaume prit la responsabilité des plans de construction du château et de ses alentours.
Une nouvelle coupole, en remplacement de celle de K.-F. Schinkel, fut reliée au château par une aile avec des colonnes suite à la démolition complète de la pharmacie. Un gigantesque campanile fut élevé près de la Spree. L’architecte responsable était le futur architecte de la cathédrale, Julius Carl Raschdorf.
Pour cause de mort prématurée après seulement 99 jours de règne, rien ne se réalisa. Il était partisan de la monarchie constitutionnelle sur le modèle anglais. Il était marié avec une fille de la reine d’Angleterre Victoria.

1888 – 1918

Empereur Guillaume II

Activité de construction intense. Le style essentiellement néobaroque à la façon de Schlüter.

Architectes de la cour : Ernst von Ihne, Albert Geyer. Ce dernier est l’auteur du plus important ouvrage historique sur le château.

Aux alentours du château, la Schlossfreiheit  a été créée  et pour cela a été installé le monument national avec  l’empereur Guillaume Ier à cheval. La photographie montre les festivités à l’occasion de son inauguration. Une nouvelle écurie fut construite, le pont long fut transformé dans un style néobaroque, à la place du petit pont du cavalier fut édifié un nouveau pont principal avec une percée de l’axe urbain vers l’est. Pour ce faire une partie de l’ancienne pharmacie de la cour a été détruite.

Démolition de la cathédrale de Schinkel. Construction d’une gigantesque église à coupole dans le style historisant néobaroque par l’architecte Julius C. Raschdorf.

Démolition de la salle blanche de Stüler. Démantèlement de l’aile de la salle blanche, reconstruction des appartements wilhelmiens et mecklembourgeois, au-dessus la nouvelle salle blanche de Ihne avec une galerie dans la grande cour du château. L’édifice est fastueux et néanmoins sans anachronisme : les lustres et les chandeliers cèdent la place à une électrification complète, assurant un éclairage indirect. Le manque d’argent pousse à l’interruption des mesures de reconstruction en 1910.

Au-dessus de la galerie de la salle blanche on voulait contourner le portail d’Eosander à l’aide d’une construction supplémentaire et d’une modification du portail de la grande cour du château. Depuis la construction du portail d’Eosander, l’accès à l’aile sud était bloqué au premier étage et à l’étage de parade, car sous le sol de la chapelle se trouvaient de très anciennes citernes qui servaient à l’approvisionnement en eau du château. Lorsque l’on voulait aller du Lustgarten ou de l’étage de parade à l’appartement impérial, il fallait descendre jusqu’au rez-de-chaussée puis remonter. Ce n’était naturellement pas très apprécié. Friedrich Wilhelm I avait par conséquent fait installer à travers l’arche du portail une passerelle en bois qui dérangeait l’optique.
Guillaume II fut le premier monarque qui fit du château son centre de vie. L’appartement impérial fut construit en conséquence par Albert Geyer dans l’aile donnant sur la Schlossplatz.

1918

Fin de l’automne 1918
Révolution en Allemagne. Le 9 novembre, l’empereur abdique. Le château est occupé et pillé par des groupes de travailleurs et les soldats. Le soir de Noël l’armée est envoyée contre les révolutionnaires. De nombreux morts sont à déplorer. D’importants dégâts sont engendrés par des éclats de grenades sur le portail IV, sur le monument de l’empereur Guillaume et aux écuries. Un grand défilé funèbre a lieu le long du château pour rendre hommage aux morts.

L’illustration montre Karl Liebknecht lors de la proclamation de la république socialiste allemande le 9 novembre. Scheidemann avait déjà proclamé deux heures plus tôt la république au Reichstag, si bien que Liebknecht resta sur un échec. Il est à remarquer que le peintre s’est trompé de portails : Liebknecht parle, comme on le voit ici, depuis le balcon de la salle des chevaliers du portail V, depuis lequel l’empereur a également proclamé la guerre en 1914. Mais avant de faire sauter le château en 1950, ce fut le portail IV, surnommé le « portail de Liebknecht », qui fut démonté.

1918 – 1933

Dans la période suivant la première guerre mondiale, l’entourage du château et le Lustgarten sont devenus des lieux de nombreuses manifestations, parfois militantes. L’illustration montre une telle manifestation du parti communiste, le KPD.
Entre-deux-règnes dans le château. Il ne fut plus utilisé par l’état, la république de Weimar déplaça son centre vers l’ouest, dans la Wilhelmstrasse. Là, le président du Reich résidait dans le palais de Schwerin.

Le château connut une nouvelle utilité par des nouveaux locataires. Le musée du château qui disposait des collections d’arts décoratifs les plus importantes de Berlin ouvrit ses portes. A partir de 1929, des concerts estivaux ont eu régulièrement lieu dans la cour de Schlüter. Parmi les autres locataires figuraient la Société Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft, le prédécesseur de l’actuelle société Max-Planck, l’archive Phonogramm, l’organisme de secours des sciences allemandes, l’institut psychologique de l’université, l’institut national des eaux, le musée des exercices physiques.
D’autres étaient aussi le syndicat des fonctionnaires de l’administration allemande, la centrale d’alimentation des enfants et de la médiation du travail à domicile, le foyer Helene Lange et un centre de soutien universitaire qui aménagea un restaurant universitaire dans une cuisine du château.
Cette constellation est complétée par le DAAD office allemand des échanges universitaires, la Deutsche Akademie, l’association allemande des arts qui fut remplacée en 1933 par la chambre culturelle du Reich.
Une scène de répétition fut aménagée dans la salle d’albâtre. Des directeurs des musées et un certain nombre de particuliers emménagèrent dans plusieurs appartements.

1933 – 1945

Les nationaux-socialistes n’utilisèrent pas le château pour leurs manifestions. Cependant, ils utilisèrent intensivement leLustgarten pour leurs défilés. Pour cela, celui-ci fut transformé entièrement en raison de la fête du 1er mai 1935. Le jardin avec son monument, ses fontaines, sa pelouse, ses buissons et ses arbres fut remplacé par une place de défilé pavée. Un modèle rectangulaire résulta, qui avait pour but d’aider les masses à s’organiser pour les manifestations. Le monument du roi Frédéric Guillaume III et le boulet de granit furent déplacés sur le bord.
Pendant les jeux olympiques de 1936, la flamme olympique brûlait devant le château, entourée par les drapeaux des nations participantes.
Après la campagne française de 1940, le wagon dans lequel la capitulation allemande fut signée en 1918 dans le bois de Compiègne y fut placé comme trophée de la victoire. C’est là que le wagon fut détruit lors d’un bombardement ultérieur.

Lors de telles occasions le château était utilisé comme coulisse avec des drapeaux gigantesques.

1944

En mai 1944, premiers dégâts de bombardements au château. Une bombe explosive perce l’avant-corps d’Eosander aux abords du jardin jusqu’à la cave, sans toutefois déclencher d’incendie.
La grande galerie de tableaux, les chambres du roi situées au-dessous, ainsi que les appartements de Frédéric Guillaume Ier situés rez-de-chaussée, sont détruits en grande partie.
Partout dans le château, le souffle de la détonation a fait éclater les vitres.

1945

3 février 1945. Le château est la proie des flammes pendant quatre joursdurant à la suite de bombardements. Il n’y eut pas de tentative pour éteindre l’incendie : démoralisée après les longues années d’attaques aériennes, la population de la ville était résignée.

Pendant la phase finale des combats dans Berlin, la façade du château fut prise sous le feu de l’artillerie et encore plus endommagée. Mais la structure de la construction était cependant moins atteinte que celle du château de Charlottenbourg qui aujourd’hui ne porte plus la moindre trace du conflit.

1945 – 1948

Hans Scharoun établit un devis estimatif pour la consolidation des ruines du château.

Les expositions intitulées « Les projets de Berlin, premier compte-rendu » (1946), « Peinture française moderne» (1946), « Retrouvailles avec la propriété des musées » avec des œuvres de l’art dit « dégénéré » que l’on croyait perdues (1946-1947) et finalement, en 1948, l’exposition « 1848 » à l’occasion des 100 ans de la révolution de 1848, ont lieu dans la salle blanche et dans les pièces situées en dessous.

En novembre, le premier magistrat de Berlin est destitué. La ville est coupée en deux. Friedrich Ebert, fils du premier président du Reich devient le maire de Berlin Est. Il est un adversaire farouche de toute tentative de reconstruction du château. L’accès au château est ensuite bloqué en 1948 à cause de son prétendu délabrement. Sous la protection soviétique, la SED devient majoritaire à l’Est. Ainsi s’approche la fin du château, après une histoire de plus de 500 ans. Les attaques subtiles des politiciens de la SED se multiplient qui exigent de se débarrasser du château à l’aide de justifications plus ou moins fondées.

1950

7  Septembre 1950 : le château fut détruit à l’aide d’explosifs sur ordre de W. Ulbricht. Les travaux de démolition durèrent presque six mois.
Une expertise commandée par le gouvernement de la RDA révélait que le coût de la reconstruction incluant la reconstruction des salles précieuses s’élevait à 32 millions de marks de la RDA.
La démolition du château et la construction suivante – la place de défilé avec la tribune – coûta un quart de cette somme, soit huit millions de marks de la RDA.
Avec cette somme, qui était disponible pendant ces six mois, la ruine aurait pu être consolidée de façon durable et un commencement de reconstruction aurait pu être financé.

1950

La Marx-Engels-Platz avec une grande tribune remplaça le château. Elle était utilisée pour les grandes manifestations de propagande de la RDA. 750000 personnes défilèrent ainsi en colonnes de 72 personnes durant 5 heures devant les dirigeants de la RDA. Ceux-ci recevaient hommages de la tribune.

1974  – 1976

A la suite de la reconnaissance diplomatique de la RDA lors de Conférence sur la Sécurité et la Coopération Européenne, le Palais de la République fut érigé comme lieu central des grandes manifestations politiques et culturelles de la RDA.
Le palais, en tant que « Maison du peuple », fut visité par des millions de personnes qui y ont assisté à des manifestations en tout genre.
Le palais fut érigé sur un squelette d’acier. Afin de protéger le bâtiment contre les incendies, 175 000 m² de la surface en acier furent recouverts par 5000 tonnes d’un mélange contenant de l’amiante.

1990

En septembre 1990, fermeture du Palais de la République à cause du haut degré de contamination à l’amiante. Elle fut imposée par le personnel du Palais qui craignait pour sa santé à la suite d’une expertise demandée par le gouvernement de la RDA.

1991

Début du débat sur la reconstruction du château. Il gagna en intensité à mesure qu’après la chute du mur les travaux dans Berlin s’achevaient. Simulation du château vu depuis Unter den Linden.

1993 – 1994

Installation d’une simulation du château à l’aide de tentures peintes tendues sur un gigantesque échafaudage. Elle était une initiative du négociant de Hambourg Wilhelm von Boddien et de ses partisans de l’association pour la reconstruction du château de Berlin. Le sponsor principal était Thyssen, qui fournit l’échafaudage. L’idée originale émanait de l’historien en architecture Prof. Dr Goerd Peschken et de son ami, l’architecte Frank Augustin. Leur concept fut développé et concrétisé en France : les tentures des façades furent peintes à Paris par une équipe d’artistes réunis autour de Catherine Feff en 1500 hommes-jours. Le financement du projet total à hauteur de plusieurs millions fut exclusivement assuré avec des moyens privés.

1994

Le concours international pour l’île de la Spree est organisé par le gouvernement fédéral et le Sénat de Berlin. Il doit définir la structure du futur centre de Berlin. Plus de mille architectes y participent. Non sans avoir été influencés par la simulation du château, les premiers trois projets gagnants reprennent la silhouette du château. Le Palais de la République doit d’après la décision du jury laisser sa place car il était mal conçu du point de vue de l’urbanisme.
Des initiatives citoyennes se forment pour sa conservation. Elles organisent une série de manifestations de protestation.

1997

Début du désamiantage du Palais de la République. Ici, ce qui reste de la Chambre du Peuple : le gros œuvre.

2000

Mise en place d’une commission par le gouvernement fédéral et le sénat de Berlin. Elle doit faire des propositions sur l’utilisation et l’architecture du nouveau bâtiment sur la Schlossplatz.
Un sondage de l’Institut Forsa montra la faveur des Berlinois envers une reconstruction du château plutôt que d’un autre bâtiment plus moderne.

2002

Achèvement des travaux de désamiantage du Palais de la République. Seule la façade et le squelette intérieur sont conservés.

2002

17 Avril 2002. La commission internationale d’experts Historische Mitte Berlin rend son avis avec les résultats des travaux au chancelier et au maire de Berlin.

2002

Juillet 2002. Le parlement fédéral décide avec une majorité écrasante la reconstruction du château de Berlin sur la base des propositions de la commission.

2006

Le Bundestag a décidé la disparition du Palais de la République. Les travaux se sont terminés en décembre 2008. Jusqu’au début des travaux de construction du château- Humboldt Forum en 2012, la zone a été recouverte d’une pelouse et aménagée en jardin.

2008

Le concours international d’architectes pour la construction du château de Berlin – Humboldt-forum est terminé. Le lauréat et donc architecte chargé de la construction est le professeur italien Franco Stella. Il cherche du renfort auprès de bureaux d’architectes allemands Hilmer, Sattler und Albrecht, Berlin/Munich et gmp Gerkan, Marg & Partner, Hambourg / Berlin. Une accusation d’un concurrent a d’abord été adoptée par l’office fédéral des cartels, mais annulé par la cour d’appel de Düsseldorf.

2012

21 juin 2012, début des travaux ! Avec une pression commune sur un gros bouton par de nombreuses mains, entre autres le Ministre des travaux publics Dr. Peter Ramsauer, le Ministre pour la culture et les médias Bernd Neumann, le maire de Berlin, Klaus Wowereit ainsi que d’autres personnalités, a été lancé un gros foreur, qui doit percer sur 40m de profondeur à travers les fondations historiques. La plupart de ces fondations de la partie ouest sont présentées avec une fenêtre archéologique. A cause de leurs destructions par le dynamitage du château, aujourd’hui elles « nagent » sans gêner la nouvelle construction.